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08
Oct
2015

Fermeture de La Maille : un outil de travail et d’apprentissage artistique disparaît

La Maille, lieu géré par la Cie Théâtre A aux Lilas, a fermé ses portes le 11 septembre 2015. La Compagnie Théâtre A a porté pendant 6 ans un projet de lieu de création et d’accueil en résidence, une école alternative du comédien et des ateliers de pratique amateur. En 6 ans, la compagnie y a créé 5 spectacles pour plus de 200 représentations en Ile-de-France, une soixantaine de propositions artistiques y ont été programmées, une trentaine de compagnies y ont été accueillies en résidence, plus de 1500 heures d’ateliers ont profité à plus de 400 amateurs, plus de 80 professionnels y ont été formés dans le cadre d’une formation alternative du comédien.

L’aventure s’arrête, la Compagnie Théâtre A, qui a développé, avec toute l’énergie, l’inventivité et la rigueur que cela demande, un projet de création, de mutualisation et de transmission, est contrainte de fermer ses portes.

La Région Ile-de-France a décidé de déconventionner la Compagnie Théâtre A qui bénéficiait d’une PAC (Permanence Artistique et Culturelle) depuis 2009. Les arguments exposés pour ce déconventionnement sont la non-viabilité économique de la structure et la faiblesse des partenariats, tant institutionnels que professionnels. Deux arguments facilement contestables, la structure ayant toujours eu une comptabilité à l’équilibre avec un budget constitué à 55% de ressources propres. Quant aux partenariats institutionnels et professionnels, ils ont été en constante augmentation sur ces 6 années.

Il serait cependant trop facile de désigner la Région Ile-de-France comme seule responsable : la Ville des Lilas n’accompagnait que très peu cette structure qui développait de nombreuses actions sur le territoire. Le département de la Seine-Saint-Denis pourtant présent aux comités de pilotage n’accompagnait pas la structure. Quant à la DRAC, elle affirme ne plus avoir de ligne budgétaire pour accompagner de nouveaux lieux intermédiaires.

La fermeture de La Maille est révélatrice des difficultés de la puissance publique à soutenir, malgré les missions d’intérêt général qu’elles portent, des initiatives citoyennes.

En off, l’argument soulevé par les partenaires publics est celui de la trop forte concentration de structures artistiques et culturelles sur la ville des Lilas. Un territoire peut-il compter trop de lieux de création et de transmission ?

Ces lieux de création, d’accueil en résidence, de diffusion, d’apprentissage, de transmission sont des espaces publics, des lieux de proximité, qui travaillent en forte interaction avec leur environnement urbain, animent la vie locale au quotidien et participent de la cohésion sociale dans des villes de plus en plus soumises à la marchandisation de chaque espace.

Nous appelons de nos vœux des politiques publiques qui, plutôt que de penser la concentration et la rationalisation des activités, promeuvent et s’appuient sur la complémentarité des projets, la coopération qu’elle induit sur un territoire et la richesse de la diversité artistique et culturelle des initiatives. Il est urgent de changer de modèle, avant que les lieux ne ferment les uns après les autres.

Source : Actes if